mercredi 22 février 2012

Lolita de Vladimir Nabokov


Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins. Mon péché, mon âme.

Monument de la littérature mondiale Lolita, avant d'être un nom commun au sens peu clair, est avant tout un roman de Vladimir Nabokov. Ce nom est à l'origine le surnom de l'héroïne du roman, Dolores Haze. Certains se rappelleront peut-être la très fidèle adaptation au cinéma d'Adrian Lyne en 1997 avec la B.O inoubliable d'Ennio Morricone, parfaitement appropriée et tout à fait obnubilante. Ceux qui l'ont vu ne peuvent que s'en rappeler. Je pense que c'est un film, tout comme un livre, qui nous poursuit toute notre vie.

Mais de quoi est-il question ? C'est l'histoire de Humbert Humbert, un homme qui n'aime que les nymphettes, ces fillettes qui ont entre 9 et 14 ans triées sur le volet. On ne peut pas dire qu'Humbert soit un pédophile à proprement parlé car il ne se jette pas sur la première venue. 


“ Il vous faut être un artiste doublé d'un fou, une créature d'une infinie mélancolie, avec une bulle de poison ardent dans les reins et une flamme supra-voluptueuse brûlant en permanence dans votre délicate épine dorsale (oh, comme il vous faut rentrer sous terre, vous cacher !), pour discerner aussitôt, à des signes ineffables - la courbe légèrement féline d'une pommette, la finesse d'une jambe duveteuse, et autres indices que le désespoir et la honte et les larmes de tendresse m'interdisent d'énumérer -, le petit démon fatal au milieu de ces enfants en bonne santé ; aucune d'entre elles ne la reconnaît et elle demeure elle-même inconsciente du fantastique pouvoir qu'elle détient. ”


Par un terrible concours de circonstances, il va être amené à devenir le beau-père de la plus parfaite des nymphettes : Dolores. S'ensuit alors un long périple à travers les Etats-Unis entre cet homme d'âge mûr et cette fillette de 12 ans. Alors que l'un tente d'assouvir ses passions, l'autre tente délibérément de se construire dans cet univers chaotique avec pour seul appui, un père-amant. 

Un livre troublant où l'on prend pitié du monstre. Où la victime nous semble si insupportable. Une histoire de génie, qui donne à réfléchir sur l'écriture et la nature humaine. Si à la fin de votre lecture vous vous surprenez à vous attrister du sort d'Humbert, c'est que vous êtes possédé. Il est alors trop tard. Ses mots, ses phrases si belles, poignantes et mélancoliques ont fait leur effet sur vous. Vous êtes tombé dans le piège, vous vous êtes fait manipulé. Vous défendez un meurtrier. 


A lire d'urgence ! 
(pour public averti tout de même, vous êtes prévenu)

La Mécanique du Coeur de Mathias Malzieu


“ Premièrement, ne touche pas à tes aiguilles. Deuxièmement, maîtrise ta colère. Troisièmement, ne te laisse jamais, au grand jamais, tomber amoureux. Car alors pour toujours à l'horloge de ton coeur la grande aiguille des heures transpercera ta peau, tes os imploseront, et la mécanique du coeur sera brisée de nouveau. ”

 Edimbourg, 1874. Quand Jack voit le jour, il fait si froid que son petit coeur gelé peine à le maintenir en vie. Madeleine, la sage-femme un peu farfelue, décide de lui greffer une horloge pour l'aider à réguler ses battements. Abandonné par sa mère, une femme des rues, Jack grandit auprès de Madeleine qui devient sa mère adoptive. Lorsqu'il peut enfin sortir de chez lui pour découvrir le monde, Jack a 10 ans et des rêves plein la tête. La rencontre avec une petite chanteuse andalouse va alors lui faire chavirer le coeur.

Love is dangerous for you, tiny heart. ” 

Madeleine s'évertuait à le répéter. Mais Jack est amoureux, terriblement et irrémédiablement amoureux. Un incident à l'école l'obligera à s'exiler pour ne pas être attrapé par la police. Il décidera alors de mettre le cap sur l'Andalousie dans l'espoir de retrouver sa belle et de lui avouer son amour. Mais une fois là-bas, les choses se compliquent. Entre passions dévorantes, rivalités et remords c'est tout un parcours initiatique dans l'inconnu que notre héros devra traverser pour comprendre le véritable sens de sa vie. Un histoire douce-amère qui pique le coeur.


Il faut immédiatement l'avouer, La Mécanique du Coeur est un petit bijou d'environ 150 pages, d'où son accessibilité à tous, lecteurs invétérés ou pas. Charmant et touchant au commencement, sublime et cruel au dénouement, il saura réveiller en nous des émotions perdues. Véritable conte pour adulte et tout en poésie sans pour autant tomber dans le lyrisme, les images que l'auteur tend à nous donner trouveront toujours un écho en nous. 

Cependant, ce roman n'est pas un conte ordinaire. Sous ses allures fantaisistes se cache une véritable leçon de vie, une profondeur insoupçonnée. S'il fallait le définir en un mot unique, je dirai "cruel", sans hésiter. En effet, et contrairement à ce que l'on pourrait penser, la ligne directrice du roman est placée sous le signe de la cruauté. Pourquoi ? Parce que le héros est mis à rude épreuve pendant toute l'intégralité du récit. Jack est notre narrateur, nous ressentons tout à travers lui. Sa force, ses faiblesses. Et malgré la peur, l'humiliation, la difficulté et la désillusion, ce petit héros continue à se battre coûte que coûte, envers et contre tout. Juste par amour.

Peut-on aimer à s'en arracher le coeur ? Qui sait...